- pruderie
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• 1666; de prude1 ♦ Littér. Affectation de réserve hautaine et outrée dans tout ce qui touche à la pudeur, à la décence. ⇒ pudibonderie; prude. Il y a « une fausse sagesse qui est pruderie » (La Bruyère). La pruderie d'une sainte nitouche.2 ♦ Littér. et rare Une, des pruderies. Attitude, acte qui a un caractère de pruderie. « Après quelques hésitations et quelques pruderies » (Baudelaire).Synonymes :- pudicitéContraires :- impudicité- indécence- lascivité- lubricitépruderien. f. Affectation de vertu, de pudeur.⇒PRUDERIE, subst. fém.A.— Le plus souvent péj.1. Manifestation outrée de réserve, d'innocence, de pudeur à l'égard de tout ce qui touche aux sentiments, à l'amour, à la sexualité. Synon. pudibonderie, puritanisme. Toute femme tendre et fière, et ces deux choses, étant cause et effet, vont difficilement l'une sans l'autre, doit contracter des habitudes de froideur que les gens qu'elles déconcertent appellent de la pruderie (STENDHAL, Amour, 1822, p. 66). Il y a dans les journaux anglais d'aujourd'hui un article fabuleux sur la constitution physique de la reine et les chances de postérité qu'elle peut ou ne peut avoir. Je ne comprends pas que, dans un pays de pruderie comme l'Angleterre, on ose imprimer de pareilles choses (MÉRIMÉE, Lettres ctesse de Montijo, 1846, p. 188). [Mon père] a vu ma puberté avec une espèce de répugnance, avec une espèce de pruderie, lui qui, de toute sa vie, n'a jamais connu la pudeur (DUHAMEL, Nuit St-Jean, 1935, p. 80). V. bigotisme ex. 1.— [Avec adj. déterminatif] La pruderie judiciaire d'un magistrat du tribunal de commerce (BALZAC, Illus. perdues, 1839, p. 509).2. P. méton., au plur. [Avec un indéf.] Acte, manifestation prude. Après (...) quelques pruderies qui semblèrent de bon augure à Samuel, Madame de Cosmelly (...) lui fit ses confidences (BAUDEL., Fanfarlo, 1847, p. 539) :• 1. Cette façade levantine n'est point artistique; et j'ai bien peur qu'elle ne cache un dessous moins élégant encore, un dessous d'autres singeries occidentales, plus viles : petits snobismes, petits potins, petites pruderies, petites lâchetés, petits cocuages et petits profits.FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 22.B.— P. anal. ou au fig., dans le domaine de l'expr. artist., littér., poét. Attitude quelquefois excessive de retenue, de mesure, de décence, de respect de la morale. Nos langues modernes, si peu colorées et d'une pruderie si inconciliable avec l'expression vraie de certains sentiments (BERLIOZ, À travers chants, 1862, p. 135). [La romancière M. Dombrowska] fait vivre devant nous avec un singulier relief tout ce prolétariat rural qui obéit aux instincts les plus primitifs (...). L'observation a quelque chose de très personnel. L'attitude devant les réalités de la vie est d'une étonnante franchise, à égale distance de la crudité et de la pruderie (Arts et litt., 1936, p. 52-2) :• 2. ... le latin dans les mots brave l'honnêteté; mais le lecteur français veut être respecté. Et par quelle raison? le sage législateur du Parnasse aurait dû l'expliquer. Cette grande pruderie de l'œil et de l'oreille, qui, sous la périphrase hypocrite, n'en apporte pas moins à l'esprit la pensée toute nue, sera peut-être un jour expliquée.MUSSET ds Le Temps, 1831, p. 69.REM. Prudoterie, subst. fém., péj., rare. Pruderie mesquine, désagréable. Je ne sais quoi me pousse à la mutinerie Contre le bégueulisme et la prudoterie (POMMIER, Crâneries, 1842, p. 51).Prononc. et Orth. :[
]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) 1666 « affectation de réserve et de bienséance (de la part d'une femme) » (MOLIÈRE, Misanthrope, III, 5), qualifié de ,,terme assez nouveau`` par BOUHOURS en 1671 et de ,,mot barbare`` par SOREL, v. LIVET Molière, s.v. prude; b) 1671 « acte de prude » (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettres, éd. M. Monmerqué, t. 2, p. 267). Dér. de prude; suff. -erie. Fréq. abs. littér. :81. Bbg. BOYSEN (A. L.). Über den Begriff preu im Frz. Munster, 1941, pp. 77-81.
pruderie [pʀydʀi] n. f.ÉTYM. 1666; de prude.❖1 Littér. Affectation de réserve outrée jusqu'au ridicule dans tout ce qui touche à la pudeur, à la décence. ⇒ Cant (vx), pudibonderie, puritanisme. || L'impertinente pruderie de cette pecque (cit. 2, Gautier). || La pruderie d'une sainte nitouche (cit. 2). — Par ext. || La pruderie en littérature, dans l'art.1 Il y a (…) une fausse vertu qui est hypocrisie, une fausse sagesse qui est pruderie.La Bruyère, les Caractères, III, 48.2 L'âge n'avait fait qu'accroître cette pudeur impitoyable. Sa guimpe n'était jamais assez opaque, et ne montait jamais assez haut. Elle multipliait les agrafes et les épingles là où personne ne songeait à regarder. Le propre de la pruderie, c'est de mettre d'autant plus de factionnaires que la forteresse est moins menacée.Hugo, les Misérables, III, II, VIII.3 La pudeur n'est point encore devenue pruderie; chez eux (les Grecs), l'âme ne siège pas à une hauteur sublime, sur un trône isolé, pour dégrader et reléguer dans l'ombre les organes qui servent à un moins noble emploi; elle n'en rougit pas, elle ne les cache point; leur idée n'excite ni la honte ni le sourire.Taine, Philosophie de l'art, t. II, p. 163.4 (…) la pruderie, qui n'a rien à voir avec la pudeur, et qui est l'attitude de beaucoup de gens — hommes et femmes — devant tout ce qui touche à l'amour et aux rapports des sexes entre eux (…) La pruderie tactique est celle de la femme occupant des situations en vue et élevées sujette comme les autres aux passions de l'amour et contrainte de les dissimuler sous des dehors réservés et froids.Léon Daudet, la Femme et l'Amour, VIII.2 (1671, Mme de Sévigné). Littér. et rare. (Une, des pruderies). Attitude, acte qui a un caractère de pruderie (1.). || Après quelques hésitations (cit. 1) et quelques pruderies.
Encyclopédie Universelle. 2012.